langue française: expressions à savourer
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DONNER SA LANGUE AUX CHATS , ou DONNER SA LANGUE AU CHAT
" Donner sa langue au chat " ou « donner sa langue aux chats » signifie renoncer à comprendre , avouer qu'on ne sait pas répondre à une question . On ne parle plus car en dire plus serait mentir . Il faut rappeler qu’au Moyen-Age, on arrachait la langue des voleurs .
Dans ce cas , la « langue », mot désignant au propre l’organe de la parole, ou par métonymie, la parole elle-même, ne sert plus à rien . Devenue sans valeur et inutile , elle peut être jetée en pâture aux animaux, comme un bas morceau .
On devrait d’ailleurs dire " donner (ou jeter ) aux chiens " . Le chien passait pour un animal vil et désigne encore une personne âpre au gain, dure en affaires.
Balzac : « Son oncle était un vieux chien qui lui avait filouté ses bijoux (Balzac, Eugénie Grandet).
Madame de Sévigné « bon à jeter aux chiens (Ch. de Sévigné ds Lettres de Mme de Sévigné)
Eugène Sue : « Tu donnes ta langue au chien... c'est-à-dire que tu renonces, que tu ne devines pas » ( Atar Gull ).
Jules Romain : « Aujourd'hui, Wagner, chez ces gens-là, n'est plus bon à jeter aux chiens (Romains, Les Hommes de bonne volonté)
Au contraire, défendre ardemment un bien précieux , c’est « ne pas jeter sa part aux chiens »
Une horde de canidés aux dents ensanglantées , voilà sans doute un carnage qui heurtait les âmes sensibles !
Un animal plus doux et délicat s’est invité tout naturellement au festin. Ce transfert du chien au chat s’est fait au XIX ème siècle et d’autant plus aisément qu’on croyait le second capable de garder un secret .
George Sand
« "Mettre quelque chose dans l'oreille du chat" , c'était lui confier quelque chose qui devait rester secret »
Le félin sait « tenir sa langue » , a fortiori, celle des autres puisqu ‘on peut lui « donner sa parole » ….ou ne craint pas de « se mordre la langue » pour éviter de s’exprimer indûment.
Certains pensent que l’expression « donner au chien » est liée au sphynx . Cet animal fabuleux à tête humaine et corps de lion qui passait pour être capable de poser des problèmes d'une grande difficulté ou des énigmes insolubles , a pu devenir par analogie une espèce de chien dans l’imaginaire du XVII éme siècle . Pourquoi pas ?